La fête du sacrifice ou Aïd al-Adhâ, un acte spirituel et social

 

Chaque acte d’adoration, en islam, possède deux aspects indissociables. Le premier, spirituel, contribue à affermir le croyant dans sa relation à Dieu, et le second, social, permet de concrétiser l’unité des croyants à laquelle aspirent les musulmans. On retrouve ainsi ces deux aspects aussi bien dans l’accomplissement de la prière quotidienne en groupe, que dans la pratique du jeûne ou encore de l’aumône. Il en va même pour le sacrifice de Aïd-el-Adha, qui représente la Grande Fête des musulmans, point culminant du pèlerinage à la Mecque, et qui symbolise la soumission totale d’Abraham et, par extension, de tout croyant à Dieu.

La fête du sacrifice a lieu le 10ème jour du mois de Dhou al Hijja, dernier mois du calendrier musulman, et marque la fin du pèlerinage à La Mecque.

Les musulmans doivent égorger un mouton pour commémorer le sacrifice d’Abraham, dans les années 2000 avant JC. Les juifs commémorent le sacrifice d’Abraham lors du nouvel an.

Selon le Coran, Abraham, envoyé de Dieu, obéissant à un commandement divin, s’apprêtait à sacrifier son fils unique Ismaël, né de son épouse Agar (Hajar en arabe), ex-servante de sa première épouse Sarah, lorsque l’archange Gabriel remplaça Ismaël par un mouton. L’événement se situerait à proximité de La Mecque et, par sa soumission à Dieu, Abraham est considéré comme le premier des musulmans.

Selon la Bible, Abraham est un descendant de Noé. Obéissant à Dieu, il s’apprêtait à sacrifier son fils Isaac, né de sa vieille épouse Sarah, ainsi que trois anges le leur avaient annoncé. Abraham avait alors chassé dans le désert sa servante Agar et leur fils unique Ismaël. L’intervention de Dieu avait sauvé Isaac et l’événement se situerait à Jérusalem.

La bête à sacrifier ne doit pas être tuée, ni même assommée, avant la saignée, qui doit se faire avec un couteau parfaitement effilé et sans exercer la moindre pression, en coupant la trachée-artère et œsophage.

Selon la loi islamique, c’est au chef de famille, qui peut déléguer à un sacrificateur reconnu, d’accomplir la tâche sacrificielle, le mouton couché sur le flanc gauche, la tête tournée vers La Mecque. Il ne peut opérer qu’après la prière de l’Aïd, qui se déroule environ vingt minutes après le lever du soleil, suivie d’un prêche de l’imam.

De même, l’islam a instauré le rite du sacrifice pour que le musulman en dépense pour sa famille, ses proches, et les nécessiteux. C’est ainsi qu’est distribué le sacrifice : un tiers pour la consommation personnelle, un tiers pour se le partager entre voisins et proches et un tiers pour les pauvres. Plus la part des pauvres est grande, plus cela est méritoire. Dieu dit : « Mangez-en vous-même et faites-en manger le pauvre » (Sourate 22 : verset 27).

Cette largesse n’est pas limitée aux pauvres musulmans mais englobe les nécessiteux parmi les non-musulmans.

La dimension humaniste de cette fête se manifeste également à travers les vœux que les musulmans s’adressent mutuellement, mettant ainsi fin aux disputes et aux rancunes, réformant, à l’occasion, les liens de fraternité.

elle doit être un moment de pardon et de réconciliation. Le musulman se doit, ce jour-là, de rechercher ses proches, ses parents, ses frères et sœurs, ses voisins afin de rétablir les liens avec ceux qui les ont rompus, de faire acte de charité envers ceux qui ont refusé de la lui accorder, de faire preuve de pardon à l’égard de ceux qui ont fait preuve d’injustice à son encontre. Telles sont les nobles caractères que le Prophète (PBSL) est venu accomplir : « Je n’ai été envoyé qu’afin d’accomplir les nobles caractères » (Rapporté par Malik).

il s’agit donc d’une commémoration, afin que l’histoire des Prophètes ne tombe pas dans l’oubli. Une revivification, de la relation au Créateur par la célébration de la prière et le geste du sacrifice. De la joie, et de la bonne humeur pour que l’amour fraternel garde son intensité… et peut-être avant tout, une réflexion sur le sens de notre existence et sur la nécessaire solidarité qui confère à l’humanité toute sa spécificité et sa noblesse.