« Parle-nous de la solitude », demanda une jeune fille qui était sur le point de
se marier avec le fils de l’un des hommes les plus riches de la ville et qui
maintenant était obligée de fuir.
Et il répondit :
Sans la solitude, l’Amour ne restera pas très longtemps à tes côtés.
Parce que l’Amour a aussi besoin de repos, pour pouvoir voyager dans les
cieux et se manifester sous d’autres formes.
Sans la solitude, aucune plante ou animal ne survit, aucune terre n’est fertile
très longtemps, aucun enfant ne peut apprendre la vie, aucun artiste ne peut créer,
aucun travail ne peut grandir et se transformer.
La solitude n’est pas l’absence de l’Amour, mais son complément.
La solitude n’est pas l’absence de compagnie, mais le moment où notre âme est libre de converser avec nous et de nous aider à décider de nos vies.
Alors, que soient bénis ceux qui ne redoutent pas la solitude. Qui n’ont pas
peur de se tenir compagnie, qui ne cherchent pas désespérément une occupation
ou un amusement, ou quelque chose à juger.
Parce que celui qui n’est jamais seul ne se connaît plus lui-même.
Et celui qui ne se connaît pas se met à redouter le vide.
Mais le vide n’existe pas. Un monde immense se cache dans notre âme,
attendant d’être découvert. Il est là, avec sa force intacte, mais il est tellement
nouveau et tellement puissant que nous avons peur d’en accepter l’existence.
Parce que le fait de découvrir qui nous sommes nous oblige à accepter que
nous pouvons aller beaucoup plus loin que nous n’en avons l’habitude.
Paulo Coelho , Le manuscrit retrouvé