Les musulmans se réjouissent chaque année de l’arrivée du mois de Ramadan et du jeûne purificateur qui l’accompagne. Outre les mérites associés au jeûne de ce mois, de nombreux bienfaits physiques et psychologiques viennent compléter la liste de ses effets positifs. Le Prophète l’avait dit quatorze siècles auparavant « Jeûnez et vous serez en bonne santé », ce qui ne fait que corroborer la parole coranique « […] Jeûner est un bien pour vous, peut-être le comprendrez-vous », s.2 Al-Baqara (La Génisse), v.184.
Une école de volonté et de patience
Le jeûne du mois de Ramadan est une initiative personnelle basée sur un engagement moral vis-à-vis d’Allâh . Cette prescription divine représente le meilleur moyen d’apprendre à patienter. D’ailleurs, Allâh dit dans le hadîth qoudsi : « Toutes les bonnes actions des descendants d’Adam sont récompensées de dix à sept cents fois leur mérite, excepté la patience, pour laquelle Je décide de la récompense Moi-même. Or, la patience, c’est le jeûne. » Et le Prophète de préciser que le mois de Ramadan est « le mois de la patience, laquelle est récompensée par le Paradis ». Ce mois béni est une période d’autorégulation et de maîtrise de soi mais le but est de perpétrer ces bonnes habitudes au-delà du Ramadan. S’abstenir de répondre à un besoin physique naturel et essentiel témoigne d’une volonté et d’une patience sans cesse renouvelées au cours de ce mois.
Un repos du système digestif
L’abstinence observée du lever au coucher du soleil repose l’appareil digestif et le foie en particulier. Pour bénéficier au maximum des bienfaits de cette diète diurne, il est nécessaire de suivre la sounna du Prophète en absorbant une quantité limitée d’aliments lors de la rupture du jeûne. En effet, le Messager d’Allâh a dit : « Le fils d’Adam n’a jamais rempli un récipient pire que son ventre. Quelques bouchées suffisent à maintenir ses forces. S’il en décide autrement, qu’il consacre un tiers[de son estomac] à la nourriture, un tiers à la boisson et un tiers à l’air. »
D’ailleurs, rompre son jeûne avec des dates, comme le recommande la sounna prophétique, s’avère extrêmement bénéfique : le fructose contenu dans ce fruit alimente rapidement le cerveau et augmente graduellement le taux de sucre dans le sang, ce qui réduit la sensation de faim et le besoin de grandes quantités de nourriture.
L’effet de l’acide chlorhydrique et de la bile qui se répandent toujours dans le tube digestif n’est pas amoindri par l’effet tampon et l’action absorbante des aliments. Ces substances détruisent ainsi une multitude de germes parasites et nocifs, et nettoient les parois intestinales en les débarrassant des cellules mortes. La sensation de faim et de soif réactive la sécrétion d’autres glandes bienfaitrices dont le fonctionnement cesse en raison d’une alimentation trop riche et monotone. Jeûner permet donc de réhabiliter le mécanisme naturel déclenchant la sensation de faim et de soif réelles, suite à une altération bien plus occasionnée par des envies gourmandes que par un besoin corporel fondé. Aujourd’hui, bon nombre de médecins prescrivent un jeûne thérapeutique pour guérir certaines maladies et/ou en prévenir d’autres.
Autres bienfaits proprement physiologiques
Le corps du jeûneur profite encore d’autres avantages :
– une chute du taux de cholestérol dans le sang, ce qui réduit considérablement les risques d’accidents cardio et cérébro-vasculaires et prévient l’apparition de l’hypertension.
– Des études prouvent qu’une privation d’eau pendant huit à dix heures n’est pas nécessairement mauvaise pour la santé ; elle permet de reposer le système rénal et produit une légère déshydratation en concentrant les liquides, ce qui allège le travail du cœur et augmenterait la longévité (étude prouvée pour les végétaux). Cela dit, le Prophète recommande de retarder le souhoûr au maximum et de rompre le jeûne dès le coucher du soleil, pour justement réduire cette période de déshydratation.
– Une légère perte de poids (de 5 à 10%). En effet, jeûner provoque la diminution du taux de sucre dans le sang. Le corps va par conséquent puiser dans les réserves : le glycogène emmagasiné dans le foie et les muscles ainsi que les corps lipidiques stockés dans la graisse sont transformés en énergie pour assurer le bon fonctionnement des cellules (réactions de glycogénolyse).
– Une régénération cellulaire qui permet aux jeûneurs de paraître plus jeunes que ceux qui ne jeûnent pas.
En 1994, le premier Congrès international intitulé « La santé et Ramadan », tenu à Casablanca, comptabilisa 50 études approfondies menées par des musulmans et des non musulmans sur les bienfaits médicaux du jeûne. Alors que de nombreuses conditions s’amélioraient grâce au jeûne, aucun cas ne rapporta un aggravement de la situation des patients. Cela dit, les malades atteints de certaines affections sévères sont dispensés de jeûner.
L’assainissement du corps
Le Prophète a dit : « À toute chose une zakât (aumône purificatrice), celle du corps est le jeûne. » Jeûner donne l’occasion à l’organisme de « faire le grand nettoyage » : il permet d’éliminer les graisses superflues, les toxines, les dépôts d’acide urique, etc. Cette cure de désintoxication lente relance des fonctions vitales jusque-là mises en veille et rend la personne plus sensible à ses besoins corporels. Une semaine de jeûne suffit pour observer une amélioration du tonus, un gain de vitalité et une perte de bourrelets ! Ce nettoyage en profondeur transparaît même à l’extérieur puisque la peau gagne en souplesse et en jeunesse.
Retrouver un équilibre corporel facilite les actes de dévotion et permet d’atteindre une stabilité morale et spirituelle.
Un état de paix et de tranquillité
Le musulman qui jeûne durant le mois de Ramadan peut témoigner de la quiétude qui l’enveloppe. L’agressivité de l’individu diminue et il est reconnu que le taux de crime baisse dans les pays musulmans. Ces derniers suivent le conseil du Prophète : « Si quelqu’un vous cherche querelle, dites « Je jeûne ». ». Cette amélioration psychologique pourrait être liée à une meilleure stabilisation du taux de glucose sanguin durant le jeûne, car l’hyperglycémie qui survient après un repas accroît les changements de comportement.
La privation de nourriture du lever au coucher du soleil amène le croyant à organiser ses journées différemment : il pense davantage à nourrir son âme de lecture coranique et d’invocations pieuses. Ces occupations apaisent le cœur et rétablissent l’équilibre spirituel, trop souvent négligé dans une société où les plaisirs de la chair dominent allègrement. Aussi, le jeûneur s’éloigne de tout ce qui pourrait le distraire ou mettre en cause l’intégrité de son jeûne.
En définitive, jeûner durant le mois de Ramadan est un excellent moyen de maintenir son bien-être. Les effets de cette diète diurne s’observent à la fois sur les plans physique et psychologique. Le grand avantage du jeûne selon la loi islamique, contrairement à toute autre forme de diète drastique ou de régime draconien, réside dans la progressivité de son action : les changements s’opèrent lentement et en douceur pour le corps. Que les musulmans fassent honneur au « purificateur » et qu’ils profitent au maximum de l’ensemble de ses bienfaits !